L’influence d’Instagram sur l’évolution de la photographie culinaire
Instagram a clairement changé la photographie culinaire. Que ça nous plaise ou non. Perso, je l’ai vu arriver, je l’ai utilisé, j’en ai profité, et à un moment j’ai aussi commencé à m’en méfier.
Au début, c’était assez excitant. Tout le monde pouvait montrer son travail, découvrir celui des autres, suivre des chefs, des restaurants, des photographes à l’autre bout du monde. La photo culinaire a pris une place énorme, beaucoup plus visible qu’avant, et ça a ouvert pas mal de portes.
Mais assez vite, un truc s’est installé. Un format. Une façon de faire des images qui “marchent”. Des photos très propres, très efficaces, très rapides à comprendre. Des images pensées pour être vues en une demi-seconde, pendant qu’on scrolle. Et forcément, ça influence la manière dont on photographie.
Je me suis souvent posé la question : est-ce que je fais cette image parce que j’en ai envie, ou parce qu’elle va bien fonctionner sur Instagram ? Et je pense qu’on se la pose tous, à un moment. Le problème, c’est que quand on pense trop à ça, on commence à lisser son travail. À répéter ce qui fonctionne. À produire plus que réfléchir.
Instagram pousse à montrer beaucoup, souvent, vite. Et la photographie culinaire, à la base, c’est tout l’inverse. C’est du temps, de l’observation, des détails, des gestes. Des choses qu’on ne voit pas toujours en trois secondes sur un écran.
Avec le temps, j’ai appris à prendre de la distance. À utiliser Instagram comme un outil, pas comme une référence absolue. Ça reste une vitrine, un moyen de partage, parfois de rencontres. Mais ce n’est pas là que mon travail prend vraiment sens.
Mes images, je les pense d’abord pour le lieu, pour le chef, pour le projet. Pour le papier aussi. Pour le temps long. Pas uniquement pour un format carré ou un algorithme.
En 2025, Instagram fait partie du jeu. Il influence forcément la photographie culinaire. Mais il ne devrait pas décider de tout. Je crois qu’il est encore possible de faire des images sincères, imparfaites parfois, mais justes. Des images qui ne cherchent pas forcément à plaire à tout le monde, mais qui racontent quelque chose de vrai.
Et au fond, c’est ça qui m’intéresse encore.
@JordanSapally
