Pourquoi la photographie culinaire est devenue un art à part entière en 2025 ?

Pendant longtemps, la photographie culinaire a surtout été perçue comme un outil. Un moyen de montrer un plat, d’illustrer des recettes dans un livre, une carte ou de donner envie.
En 2025, les choses ont changé. La photographie culinaire a évolué, naturellement, au rythme de notre rapport à l’image et à la gastronomie. Et qu’on se le dise, Instagram a quand même beaucoup aidé.

De mon point de vue de photographe culinaire, cette évolution s’est faite progressivement. Elle est liée au temps passé sur le terrain, aux rencontres avec les chefs, aux lieux, aux produits et aux gestes. Photographier un plat aujourd’hui ne se résume plus à le rendre esthétique : il s’agit de traduire une intention, une ambiance, une manière de faire.


La place grandissante de l’image dans notre quotidien, notamment avec les réseaux sociaux, a profondément transformé notre regard. Nous voyons beaucoup, très vite. Dans ce flux, seules les images sincères, lisibles et sensibles parviennent à rester. C’est là que la photographie culinaire commence à se rapprocher d’une démarche artistique.


Dans mon travail, j’essaie de rester au plus près de ce qui est là : la lumière d’un service, la texture d’un produit brut, l’équilibre d’un plat, l’atmosphère d’un lieu. Chaque image est le résultat d’échanges, d’observation et de choix simples, souvent discrets, mais essentiels.


En 2025, de plus en plus de restaurants, d’hôtels et de marques cherchent des images qui leur ressemblent vraiment. Non pas des images parfaites, mais des images justes. Des photographies capables de raconter leur identité sans la surjouer.

La photographie culinaire trouve aussi sa place en dehors des écrans. Le papier, les livres, les expositions permettent de ralentir, de regarder autrement et de redonner de la valeur au détail. Ces supports participent à cette reconnaissance progressive de la photographie culinaire comme une discipline à part entière.

Aujourd’hui, la photographie culinaire se situe à la croisée de la gastronomie, de l’artisanat et de la création visuelle. Elle continue d’évoluer, portée par celles et ceux qui la pratiquent avec exigence, curiosité et respect du sujet. C’est dans cet esprit que je l’aborde, image après image.

Peut-on cependant dire qu’elle est devenue un art à part entière ?
Je ne crois pas. En tout cas, pas encore, je l’espère.
Il est de notre devoir, créatifs, de faire émerger ce nouveau domaine de la photographie et de le sortir de nos écrans.. même si c’est un moyen formidable pour nous exprimer.

Il faut que ce soit nous, qui, à moment donné, prenons l’initiative de les considérer comme on a envie qu’elles soient considérées. Selon moi, une photo culinaire peut, par son abstraction, sa texture, ses détails, ses techniques, comme un clair obscur par exemple, totalement être une oeuvre d’art.
Mais tant que nos photos culinaires ne seront pas mises au mur, et que l’on aura pas décidé de les traiter comme des tableaux abstraits, au même titre que de la photo de rue par exemple, rien ne changera.

Tout reste à faire, et la photographie culinaire n’a pas encore fini de s’exprimer, et nous n’avons pas fini de scroller et d’avoir faim… ou d’avoir encore plus envie de créer.

@JordanSapally

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L’influence d’Instagram sur l’évolution de la photographie culinaire